« Adversity does’nt discriminate »
En français, l’adversité d’épargne personne. La chercheuse Lucy Hone, également directrice de l’institut néozélandais du bien-être et de la résilience, nous révèle les 3 secrets de la résilience dans son TED talk de 2019.
- Les personnes résiliantes font bouger les choses
- Elles choisissent ce sur quoi elles s’attardent
- Elles se demandent si ce qu’elles font les aident ou les blessent
Et ça nous concerne tous, car du moment qu’on est en vie, on aura forcément connu des moments difficiles : désastre naturel, problèmes de santé, problèmes financiers ou familiaux, perte d’un emploi, d’un proche, etc. Ce qui compte, ce n’est pas la gravité du problème mais notre façon d’y réagir. On vivra chacun nos propres expériences.
Lucy Hone est une mère qui a perdu sa fille de 12 ans. Je suis une femme qui a perdu sa vie normale. Clairement, ce ne sont pas les mêmes situations. Pourtant, nous avons toutes deux suivi les mêmes étapes pour surmonter ces épreuves.

Pas besoin de votre pitié
Comme Lucy Hone, je n’avais pas besoin qu’on me dise que ma vie allait changer : je le devinais. Je n’avais pas besoin de voir la pitié dans le regard des gens, j’étais déjà assez perdue.
Mais je ne voulais pas non plus qu’on me dise que tout irait bien ou que je pourrais mener une vie tout à fait normale.. Vous savez, comme la copine du collègue de cette amie qui n’avait pas fait de poussée depuis 3 ans, ou comme celle qui ne prend pas de traitement et qui pourtant n’a pas rechuté.
Je ne voulais pas non plus de cet humour noir qui me faisait dire F*** you à ma SEP.
Je ne voulais pas être malade, mais je ne pouvais pas être normale.
Je ne voulais pas être négative, mais je ne voulais pas non plus mentir.
Je ne voulais pas être une victime.
Alors j’ai décidé de rester positive et de taire quand ça allait mal car je n’avais pas besoin de gérer la tristesse des autres en plus. Je gardais pour moi les soirées de dépression, le fait que je ne sentais plus mes jambes même bien après ma poussée ou que je n’avais parfois plus de force dans les bras.
Sauf qu’au bout d’un moment, ça s’est mis à peser. Le trop positif devenait handicapant. Puisque personne ne comprenait quand j’étais au fond.
Faire connaissance avec le deuil
Lorsqu’on parle de deuil, ça ne concerne pas uniquement la perte d’un être cher. C’est la perte, tout court. La perte de sa vie d’avant, un échec (perte de la réussite), une blessure (perte de ses capacités), etc. Et quelle que soit notre perte, on passera par les 5 étapes du deuil.

Etape 1 : la colère
J’ai été en colère contre plusieurs personnes, que je considérais comme responsables de mon état dépressif qui a déclenché la SEP. Mais surtout, je m’en voulais à moi-même de m’être laissée faire : JE m’étais mise dans cet état-là. JE m’étais créé cette maladie AUTO-immune
Etape 2 : le marchandage
Immédiatement après le diagnostic, je ne me sentais pas malade. J’avais retrouvé l’ouïe, je n’étais pas fatiguée. En plus, le neurologue avait établit un diagnostic par statistiques… Ce n’était donc pas gravé dans le marbre. Bon, ça n’a pas duré longtemps !
Etape 3 : le déni
OK j’étais malade, mais ça ne changerait absolument rien à ma vie ou à mes capacités. Je pourrais faire du parapente, de la moto, avoir des amis, faire des rencontres. **
La première année, j’ai plongé dans l’adrénaline pour oublier.
Etape 4 : la dépression
Pour moi, elle a été plus qu’une simple étape puisque c’est elle qui avait tout déclenché. Elle a été présente tout au long du chemin. Je ne me suis vraiment sentie libérée qu’un an après le burn-out et le diagnostic.
NB : selon les personnes, la SEP va de pair avec un terrain dépressif
Etape 5 : l’acceptation
Si vous me suivez sur Facebook depuis le début, vous pensiez peut-être que j’avais rapidement accepté ma SEP : après tout, j’en ai parlé publiquement 5 mois après… Ce n’est que maintenant que je réalise que l’acceptation s’est faite bien plus tard. Quand j’ai pu en parler sans nœud au ventre, sans blague forcée et sans tout de suite compenser par le positif.
C’est un fait, ce n’est ni bien ni mal, c’est là c’est tout. Et il faut que je fasse avec.
Trouver sa résilience
On l’a vu en intro de cet article, les personnes résiliantes ont 3 points communs.
Le premier ? Elles font bouger les choses et acceptent la souffrance.
Sur Facebook, j’ai fait comme les autres : je n’ai montré que le meilleur. D’abord pour ne pas inquiéter mes proches, ensuite pour envoyer des messages positifs. Mais bien sûr, ce n’était qu’une partie de la réalité et ce n’est pas la solution.
Deux ans après, j’ai donc ouvert ce blog pour parler de TOUS les aspects de la SEP et pas uniquement du positif que j’en tire.
La dépression sera toujours là, tapie. La perte de sensibilité côtoiera les nouvelles activités que je teste, et même s’il y aura des réussites, il y a aura aussi les difficultés professionnelles… Je suis toujours malade.
Le second point commun : elles choisissent ce sur quoi elles se concentrent
Si on ne peut pas éviter les aspects négatifs, on peut se concentrer sur le positif. Attention, encore une fois, je ne recommande pas d’ignorer le négatif. A long terme, ce n’est pas payant du tout. Mais ne nous concentrons pas dessus.
C’est le célèbre verre à moitié plein, le cahier de reconnaissances, ou encore, l’éducation Montessori : on regarde et encourage le positif.
Je suis malade et je suis plus fatiguée que les autres OK. Je vais donc me coucher plus tôt et profiter à fond de mes activités.
Le troisième et dernier point : est-ce que ce que je fais me blesse ou m’aide ?
Une question à se poser régulièrement. Qu’on soit en train de regarder tel profil Insta, de courir pour se défouler, de pleurer ou de ne rien faire… Ca marche aussi avec notre cercle de fréquentations ! Est-ce que ça me fait du bien, est-ce que ça me soulage ou au contraire, est-ce que ça me pèse, m’enfonce ?
En se posant cette question, on retrouve le contrôle des événements, on devient acteur de sa vie. On ne subit plus mais on agit.
Je suis malade, elle aussi. Tiens, ce qu’elle dit je le ressens aussi. Ok, je ne suis pas seule. Mais ce n’est pas pour ça que je vais faire TOUT ce qu’elle fait. Je garde le contrôle de ma vie.
Entre positivisme et résilience, il faut choisir
La résilience, ce n’est donc pas être uniquement positif. Ce n’est pas non plus être une meilleure version de soi-même, plus forte, plus courageuse. C’est seulement être soi, sans nier les complications et sans les compenser. La résilience, c’est accepter.
En acceptant le fait présent, on peut regarder l’avenir et espérer, dessiner des projets de vie, « même si on risque de… »
En trouvant la résilience, je n’ai plus ressenti cette urgence de vivre, de faire avant de ne plus pouvoir. J’ai également appris à faire ce que je peux plutôt qu’à regarder ce que j’aurais pu avoir.
Ce n’est pas encore parfait je le vois bien sur certains points, j’aurais pu réagir plus tôt. Mais je suis plus entrepreneuse qu’auparavant et étant indépendante, ça tombe bien 😉
Merci Gaëlle, tes mots font du bien. J’espère arriver un jour à cette résilience aussi 😊
Je te le souhaite de tout cœur !
Très bien dit, très touchant🙏
Merci 🙏
Très beau témoignage Gaëlle qui raisonne. Merci